Prix Marie Marvingt
Marie Marvingt,
Le « Marie Marvingt Award » est l’un des 18 prix remis par l’Aerospace Medical Association (AsMA) (www.asma.org/), la Société de Médecine aéronautique des Etats-Unis, lors de la réunion scientifique qui se tient chaque année dans une grande ville d’Amérique du Nord. Ces « Awards » récompensent une personnalité de la médecine aérospatiale, membre de l’AsMA, qui s’est illustrée par ses travaux, ses contributions et son rayonnement dans un domaine particulier. La sélection et le choix final des heureux élus sont assurés par un Comité qui reçoit les propositions que tout membre de l’AsMA peut soumettre pour honorer un ou une de ses collègues. Chacun de ces prix porte le nom d’une célébrité de l’histoire de l’aviation et le parrainage d’une firme ou d’une association. Il est le plus souvent ciblé pour honorer un candidat ayant œuvré dans la spécialité ou le domaine de celui qui lui a donné son nom. Certains prix au contraire ont un champ d’élection plus généraliste visant à récompenser une carrière d’excellence et d’innovation. Tous ces prix, qui ne comportent pas de chèque, se matérialisent sous la forme d’une très belle plaque gravée et encadrée que le récipiendaire s’empressera d’accrocher à la meilleure place de son bureau pour que chaque visiteur puisse l’admirer ! Les américains sont très friands de ces honneurs. Et la cérémonie de remise des awards, lors du dîner de gala qui clôture le congrès, est toujours un moment très attendu. C’est ainsi que fut créé en 2003 le « Marie Marvingt Award », parrainé par la SOFRAMAS, attribué chaque année en reconnaissance « d’excellence et d’innovation en Médecine aérospatiale ». Mais qui était Marie Marvingt ? Marie Marvingt ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Marvingt), née à Aurillac en 1875, a grandi en « garçon manqué » à Nancy. Très jeune, elle fut poussée par son père, receveur principal des postes, à devenir une athlète complète. Elle s’illustre d’abord dans et sur l’eau, puis en montagne et enfin dans les airs. Sa volonté d’aller toujours plus haut, plus loin deviendra « savoir vouloir », la devise de l’éternelle célibataire qu’on surnomme « la fiancée du danger ». Elle excelle dans tous les sports, avec une prédilection pour les plus dangereux. Féministe de la première heure, son dessein est de montrer par l’exemple que toute femme peut être à la hauteur des hommes ce qui, à l’époque, ne va pas de soi… Elle remporte de nombreuses compétitions de natation, de tir à la carabine, de saut à ski, de patinage de vitesse, entre autres, et s’illustre dans l’alpinisme en escaladant tous les grands massifs alpins. Elle est également une cycliste passionnée, allant jusqu’à refaire seule le circuit du tour de France en 1908 pour démontrer qu’une femme peut aussi le faire. Comme les longues robes et les corsets brident ses mouvements, elle opte définitivement pour un vêtement plus seyant qu’elle taille elle-même. Elle invente ainsi la jupe-culotte qui sera bientôt adoptée par de nombreuses sportives A la recherche de nouveaux mondes athlétiques et de sensations fortes, elle se tourne vers l’aviation naissante. Elle pratique d’abord l’aérostation, et en 1909 elle est la première femme à traverser la Manche et la Mer du Nord aux commandes de son ballon libre « l’Etoile filante ». Partie de Nancy, elle atteint Suffolk en Angleterre après 720 km en 14 heures. Elle entreprend sa formation de pilote avec l’illustre Hubert Latham (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_Latham) et devient la première femme française à obtenir son brevet de pilote (N° 281) en novembre 1910 sur monoplan « Antoinette ». Quelques jours plus tard, elle remporte le Prix Fémina, premier des 17 records qu’elle établira au cours de sa carrière de pilote : un vol de 45 km en 53 minutes. Avec l’aviation, Marie a découvert le sport ultime, celui qui procure toutes les émotions, ce qu’elle recherche depuis son enfance. A la veille de la guerre de 1914-18 elle conçoit, avec un ingénieur, le premier avion-ambulance, qu’elle propose en vain à l’état-major des armées. Un célèbre dessin du peintre Emile Friant (1914) la représente avec un médecin militaire donnant des soins à un blessé avant de l’embarquer dans cet avion baptisé « Capitaine Echeman », du nom de son camarade tué dans un accident d’avion en 1912. Pendant la grande guerre, Marie Marvingt sert comme infirmière de la Croix Rouge, à défaut de pouvoir être recrutée comme pilote. Il semble toutefois qu’elle ait participé à des missions de bombardement ce qui lui valut la Croix de Guerre. On dit même – vérité ou légende ?- qu’elle réussit à se faire enrôler comme fantassin sur le front dans un bataillon de chasseurs à pied, se faisant passer pour un homme. Elle est démasquée, lors d’une inspection, par une mèche dépassant de son casque. Plus tard au cours de la guerre, elle est invitée par le Maréchal Foch à participer à des opérations d’infanterie dans les Alpes pour ravitailler et porter assistance à des troupes encerclées. Après la guerre, elle devient journaliste et continue à se dévouer avec ferveur au soutien de l’armée française comme assistante médicale et correspondante de guerre en Afrique du Nord, en particulier au Maroc. Elle continue à consacrer toute son énergie à la promotion de l’utilisation de l’avion pour le transport des malades et des blessés. Elle est une vraie visionnaire de ce qui allait être l’aviation sanitaire et pendant toute sa vie Marie Marvingt ne cessera de se battre pour cette cause. Elle contribue à l’organisation en 1929 du premier Congrès international de l’Aviation sanitaire et fonde avec Robert Charlet l’Association « Les amis de l’aviation sanitaire ». Marie entreprend une tournée de milliers de conférences en France et dans le monde entier pour promouvoir cet emploi de l’avion, les « ailes qui sauvent ». En 1932 elle est à l’origine de la mise en place en Tunisie d’une des premières organisations d’évacuation aéro-médicale civile. Elle invente des skis métalliques, non seulement pour skier sur les dunes mais aussi pour équiper les avions et leur éviter l’ensablement. Bien que de très nombreuses personnes furent historiquement impliquées dans ce grand effort, Marie Marvingt est reconnue par tous comme étant au premier rang des apôtres fervents de l’assistance aérienne, et célébrée partout dans le monde. Elle reçoit une quantité considérable de décorations, médailles et récompenses ce qui lui vaut d’être la femme la plus décorée de France. A Nancy, où Marie Marvingt fut domiciliée toute sa vie quand elle n’était pas en voyage dans le monde, son souvenir est resté très présent. Son nom a été donné à plusieurs rues, collèges, lycées, gymnases de l’agglomération et de la région. Les nancéiens les plus anciens se souviennent de cette vieille dame avec un chapeau de paille noir qui circulait en vélo dans les rues de Nancy. Elle s'éteint le 14 décembre 1963 à l’âge de 88 ans. Il n’est pas excessif de lui accorder l’essentiel du mérite d’avoir imposé et développé à l’échelle mondiale le concept d’évacuation aérienne sanitaire dont elle fut une infatigable pionnière. Références : Cordier (M.) et Maggio (R.) Marie Marvingt, la femme d’un siècle Lam (D.) Marie Marvingt et le développement des évacuations aériennes sanitaires. Création du prix « Marie Marvingt Award » Lors de la réunion 2003 de l’AsMA, qui se tenait à San Antonio (Texas), une communication fut présentée par le Médecin Colonel David M. LAM de l’US Army sous le titre : « Marie Marvingt, the Godmother of medical aviation » (la marraine de l’aviation médicale), son but étant de faire connaître à ses collègues américains l’histoire de ce personnage peu connu aux USA de nos jours. Dans la salle se trouvait l’auteur de ces lignes qui connaissait bien Marie Marvingt puisqu’il est domicilié à Nancy. Tout surpris de cette présentation tout à fait improbable, il s’empresse d’aller bavarder à la sortie avec David LAM et de se lier de sympathie avec lui. Ce dernier, manifestement pris de passion pour Marie Marvingt, et incollable sur sa vie et son œuvre, suggéra que la France parraine un prix de l’AsMA en sa mémoire. Cette idée suscita un enthousiasme immédiat, et la Présidente de la SOFRAMAS de l’époque, le Dr. Marie-Paule Charetteur, après avoir reçu l’approbation du Conseil d’administration, transmit la proposition aux instances dirigeantes de l’AsMA, qui l’acceptèrent sans réserve. C’est en 2005 que le Prix Marie Marvingt fut remis pour la première fois, et tout naturellement, c’est à celui que en avait suggéré la création, le Colonel David M. LAM qu’il fut décerné. La plaque a été conçue par Laurent PHIALY (laurent.phialy.free.fr/), infographiste à la Faculté de Médecine de Nancy. Elle est rééditée chaque année au nom du nouveau récipiendaire. Les lauréats du Marie Marvingt Award : 2005 : Col. David M. LAM
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